Encore appelé bois brûlé, le Shou Sugi Ban est une technique ancestrale dont la notoriété a franchi depuis déjà quelques années les frontières de son Japon natal. En France par exemple, il séduit de plus en plus les travailleurs du bâtiment, les fabricants de meubles ainsi que les particuliers amoureux de constructions originales et respectueuses de l’environnement. Il faut aussi dire que la beauté et la résistance du bois brûlé en font un atout majeur en matière de décoration. Zoom sur un matériau insolite.
Sommaire
Qu’est-ce que le Shou Sugi Ban ?
Longtemps utilisé à des fins pratiques, le Shou Sugi Ban est une technique ancestrale japonaise qui est apparue au 18e siècle. Il consiste à brûler le bois afin de le rendre plus résistant aux insectes xylophages, aux effets du temps et surtout aux incendies qui étaient d’ailleurs assez fréquents à l’époque.
La combustion du bois commence vers 300 °C et permet d’obtenir une structure hétérogène. Celle-ci est composée de quatre couches : du charbon riche en carbone, du goudron, du bois pyrolysé et du bois massif qui n’a pas été touché par la chaleur. Cette technique entraîne un ralentissement, voire une extinction des flammes en cas d’incendies. De plus, il convient de souligner qu’à l’inverse d’autres traitements, le Shou Sugi Ban n’endommage pas la structure ligneuse du bois.
Si chez les Nippons cette méthode ancestrale continue d’être utilisée, elle est également de plus en plus en plus plébiscitée dans les pays occidentaux pour la décoration de maisons à l’architecture design. On la retrouve par exemple chez les Nord-Européens et les Canadiens qui l’ont remise au goût du jour. En France aussi, cette technique est très tendance, notamment dans des régions telles que la Savoie ou la Bretagne. Toutefois, si l’expression Shou Sugi Ban est la plus répandue, les puristes lui préfèrent souvent l’appellation yakisugi qui est plus fidèle à la langue japonaise.
Quels sont les avantages du Shou Sugi Ban ?
Si le bois brûlé rencontre un si grand succès, c’est surtout en raison de sa résistance et de ses avantages aussi bien écologiques qu’esthétiques.
Une plus grande résistance du bois aux agressions extérieures
La technique ancestrale japonaise du yakisugi entraîne la formation d’une couche de carbone qui sert à protéger le bois des agressions extérieures. En effet, la combustion a tendance à durcir le matériau et à en éliminer toute trace d’humidité. De fait, elle empêche le développement de champignons et de moisissures.
De plus, le carbone qui se forme à la suite du brûlage est doté d’une faible conductivité thermique, ce qui fait qu’il s’enflamme plus lentement. Une maison avec un bardage en bois brûlé s’embrase donc moins vite, ce qui fait de la technique du yakisugi, une alternative intéressante pour lutter contre la propagation des flammes en cas d’incendies.
Par ailleurs, le bois carbonisé ne contient aucune trace d’amidon, ce qui fait qu’il n’a aucune vertu nourrissante pour les insectes xylophages. Il est également doté d’une grande résistance aux rayons ultraviolets. Totalement imputrescible, le bois brûlé a aussi une durée de vie qui est estimée à 80 ans, et ce, même lorsqu’il n’est pas traité. Il n’est donc pas nécessaire d’y appliquer régulièrement du vernis pour le conserver.
Une technique écologique et un rendu esthétique
La technique du bois brûlé est de plus en plus prisée dans les projets de construction d’habitations respectueuses de l’environnement. En effet, elle ne nécessite l’usage d’aucun produit issu d’une synthèse chimique. De plus, avec le Shou Sugi Ban, l’utilisation de sources d’énergie comme le gaz ou le nucléaire n’est généralement pas nécessaire. Il convient aussi de souligner que cette méthode ancestrale permet de redonner vie à de vieux morceaux de bois.
Par ailleurs, si les Japonais utilisaient la technique du Shou Sugi Ban à des fins purement pratiques, elle est désormais considérée comme un atout majeur en matière de décoration. Il faut dire que la couleur du bois calciné est d’un noir profond et qu’en fonction de la méthode employée, la texture de sa surface peut être rugueuse ou parfaitement soignée. Ce qui fait qu’il peut aisément être combiné à d’autres types de matériaux, afin d’obtenir une décoration unique et plus contemporaine.
De plus, en fonction de l’essence du bois, de la durée ou de la température de la combustion et des finitions, il est possible d’obtenir plusieurs teintes de noir, ainsi que de beaux reflets. Une diversité que de plus en plus de designers n’hésitent d’ailleurs pas à utiliser dans le cadre de leurs travaux d’aménagement pour créer de beaux meubles à partir de bois recyclé.
Comment réaliser la technique du Shou Sugi Ban ?
La technique japonaise du shou-sugi-ban consiste à flamber la face d’une planche en bois afin d’obtenir une couche de carbone. Si vous pouvez vous rapprocher d’entreprises spécialisées dans le yakisugi pour acheter du bois calciné, il vous est aussi possible de brûler vous-même votre matériau. Dans ce dernier cas, il est important d’avoir une idée précise des finitions à réaliser, du type de bois et de la méthode à utiliser.
Quelques précautions à observer
Avant de commencer vos travaux, vous devez veiller à bien vous protéger. N’hésitez donc pas à porter des gants ignifuges ainsi qu’un masque si vous en ressentez le besoin. Il est également important de bien attacher vos cheveux si ceux-ci sont longs. Vous devez aussi éviter le port de vêtements fabriqués à partir de matières synthétiques. En outre, faites attention à ne pas brûler votre bois à proximité de produits inflammables et privilégiez un espace à l’extérieur. Un jour sans vent serait également idéal afin d’éliminer tout risque d’incendie.
De plus, prévoyez toujours de grandes quantités d’eau ou un extincteur pour arrêter le feu. Veillez également à ce que la surface du bois à brûler soit à la fois lisse et propre. Elle doit aussi être sèche pour éviter les taches et les rayures qui pourraient altérer la qualité de votre travail.
Quel bois utiliser pour le shou-sugi-ban ?
De façon traditionnelle, c’est le cèdre du Japon (Sugi) qui est privilégié pour réaliser le Shou Sugi Ban. Naturellement imputrescible, il réagit très bien au contact de la chaleur. De plus, il peut servir d’ornement et il est très utilisé dans la construction de maisons au Japon. Toutefois, si le cèdre est une solution qui fait l’unanimité depuis des siècles, il a été prouvé que de nombreuses autres espèces peuvent être utilisées pour le Shou Sugi Ban. Au moment de faire votre choix, retenez simplement que plus un bois a un veinage prononcé, plus le rendu final est intéressant.
Vous pouvez par exemple opter pour :
- le mélèze,
- le pin,
- le douglas,
- le sapin.
Ces quatre essences sont naturellement résistantes et permettent d’obtenir un rendu très esthétique. C’est aussi le cas de feuillus comme le charme, le chêne ou le frêne qui ont de beaux motifs qui ressortent bien après la combustion. Le thuya occidental (appelé cèdre blanc chez les francophones nord-américains) est également une bonne option en raison de sa résistance face à la pourriture.
Cependant, si vous comptez utiliser votre bois brûlé pour des travaux de décoration ou de construction d’une salle de bains, l’idéal est d’éviter le bouleau, puisque celui-ci est assez poreux. En raison de leur combustion qui peut être difficile, il est aussi déconseillé d’utiliser des bois denses tels que le noyer.
La méthode traditionnelle
Pour votre bardage ou pour votre mobilier intérieur, vous pouvez opter pour la méthode traditionnelle. Elle consiste à former une cheminée naturelle en assemblant trois planches qui sont reliées entre elles par un fil de fer. Après cette étape, il vous faudra allumer un feu au milieu pour permettre une combustion uniforme de la base vers les hauteurs. Faites aussi attention à laisser suffisamment d’espace entre les planches pour faciliter la circulation de l’oxygène et attiser les flammes. Patientez ensuite entre trois et quatre minutes avant de démonter la cheminée et de renverser de l’eau sur le bois pour stopper la combustion.
Les méthodes alternatives
D’autres techniques ont été développées pour réaliser le Shou Sugi Ban. La méthode qui est la plus souvent utilisée est celle du chalumeau. Toutefois, vous pouvez aussi opter pour un brûlage sur un lit de braises.
L’utilisation du chalumeau pour réaliser le Shou Sugi Ban
Avec un chalumeau, lorsque la flamme émise est faible, la combustion est plus vive. Plus elle est grande, moins le brûlage est intense. En ce qui concerne l’aspect définitif, il dépend de la vivacité du feu et les couleurs changent généralement d’un matériau à un autre. L’idéal est donc de faire des essais sur de vieux morceaux de bois afin de déterminer l’intensité de combustion qui convient le mieux au yakisugi.
Pour réaliser le Shou Sugi Ban, vous devez déplacer lentement le chalumeau d’une extrémité à l’autre des planches en suivant le sens des fibres du bois afin d’obtenir un aspect homogène. Si vous vous rendez compte que le matériau se fissure un peu lorsque vous le brûlez, cela veut dire que l’intensité des flammes est trop forte ; il faudra donc la diminuer. Par ailleurs, si vous désirez obtenir de beaux effets de contraste, vous devez brûler les planches en profondeur afin d’atteindre les veines d’été. Celles-ci sont plus denses que les veines de printemps et ont plus de mal à se carboniser.
Il convient aussi de souligner que la technique du bois brûlé au chalumeau est assez chronophage. Selon l’effet voulu, il vous faudra compter entre une dizaine et une vingtaine de minutes pour la combustion du matériau. De plus, pour éviter les disparités, vous devez aussi veiller à être régulier en ce qui concerne le temps à passer sur les parties à brûler. Par ailleurs, il n’est pas conseillé de privilégier un bardage en bois brûlé au chalumeau pour le revêtement extérieur de murs qui sont situés d’un côté ensoleillé. En effet, une longue exposition au soleil a tendance à en diminuer le contraste.
L’utilisation d’un lit de braises pour obtenir le bois brûlé yakisugi
Pour la réalisation du bois brûlé japonais, une autre technique consiste à créer un grand lit de braises sur le sol. Étalez-y ensuite les planches que vous auriez préalablement rassemblées par séries de deux. Pour une combustion et une protection efficace du matériau, celui-ci doit être calciné sur une profondeur de trois à cinq millimètres jusqu’à l’obtention d’une texture rugueuse. En effet, s’il est vrai que le bois vire au noir lorsqu’il commence à flamber, le processus de carbonisation en surface n’est pas à lui seul suffisant pour obtenir une croûte résistante aux effets du temps.
Les travaux de finition
La technique japonaise du bois brûlé ne vous oblige pas à réaliser des travaux de finition. Après la combustion, vous pouvez donc décider de laisser les nervures visibles. Cette façon de procéder permet de conserver la texture naturelle du bois calciné et de lui conférer un bel aspect rugueux.
En revanche, si vous optez pour des travaux de finition, il vous faudra frotter vos planches à l’aide d’une brosse métallique pour enlever tous les résidus en suivant le sens des fibres du bois. En procédant ainsi, vous vous rendrez compte que les veines de printemps deviendront assez claires. Les veines d’été quant à elles auront une couleur plus sombre. Ceci permet d’avoir de très beaux contrastes. Grâce au brossage, il est aussi possible d’obtenir de belles lignes épurées et de lisser la surface du bois brûlé.
Après cette étape, vous verrez généralement de la suie ou de la poussière. Vous pourrez facilement l’enlever avec un chiffon un peu mouillé. Utilisez un compresseur d’air pour nettoyer de grandes surfaces. En ce qui concerne les produits de finition à appliquer, vous pouvez opter pour l’utilisation d’huiles naturelles. Celles de la térébenthine ou du lin sont des choix parfaits. Elles nourrissent et protègent le bois. Elles facilitent aussi la fixation des couleurs et la conservation d’une belle teinte sur une longue période.
En revanche, dans le cas d’un mobilier en bois destiné à une utilisation en intérieur, il est généralement préférable de vernir les meubles pour qu’ils ne soient pas salissants au toucher. Procéder ainsi vous permettra aussi d’avoir un bel effet brillant qui confère une élégance indéniable au bois calciné. Pour ce qui est de l’entretien du bardage d’une maison en bois, il est recommandé de repasser de l’huile naturelle une fois tous les 10 ou 15 ans.
Comment utiliser la technique japonaise du Shou Sugi Ban en décoration ?
Si autrefois la technique japonaise du Shou Sugi Ban était très utilisée pour le bardage, désormais, elle est également la tendance déco pour l’intérieur de la maison. En effet, de plus en plus de personnes la plébiscitent pour la réalisation de leurs travaux d’architecture, de rénovation ou de déco de leur mobilier en bois.
L’utilisation à l’extérieur du Shou Sugi Ban
À l’extérieur, vous pouvez utiliser le Shou Sugi Ban pour :
- la réalisation de travaux de bardage,
- le revêtement de votre terrasse,
- l’aménagement de votre jardin.
Le yakisugi, un bardage en bois très tendance
En rendant le bois presque imputrescible, la technique du Shou Sugi Ban permet d’obtenir un matériau d’une grande résistance aux aléas climatiques et aux effets du temps. C’est ce qui fait qu’il est si utilisé pour l’architecture des habitations écologiques. Au cours de travaux de bardage, vous pouvez par exemple sublimer l’extérieur de votre maison en recouvrant entièrement ou partiellement vos murs d’un bois d’un noir profond et fascinant.
Toutefois, il convient de souligner que dans le cadre d’une rénovation qui implique la modification de votre façade, vous avez l’obligation de faire une déclaration auprès de votre Mairie. Vous devez également vérifier si le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de votre ville autorise l’utilisation du bois brûlé pour la réalisation d’un bardage.
D’autres utilisations externes de la technique ancestrale du Shou Sugi Ban
Vous pouvez aussi utiliser le bois brûlé pour le revêtement de votre terrasse (balcon, piscine, etc.). La couleur sombre de votre matériau conférera un aspect rustique ou traditionnel que vous apprécierez sûrement dans votre espace extérieur.
Par ailleurs, s’il y a bien un autre endroit où vous pouvez valablement utiliser le Shou Sugi Ban, c’est votre jardin. En effet, pour la réalisation d’un brise-vue, d’une pergola ou d’une jardinière par exemple, la tendance déco est également au bois brûlé qui confère une élégance naturelle aux objets. Le matériau est aussi parfaitement adapté à la construction d’une petite cabane de jardin dans laquelle vous pourrez entreposer votre matériel de jardinage.
L’utilisation du Shou Sugi Ban en décoration intérieure
Traditionnellement destiné à la réalisation de travaux extérieurs, le bois brûlé est également très tendance en décoration intérieure. Il apporte une touche authentique et chaleureuse aux objets et il peut être utilisé aussi bien pour la conception de meubles originaux que pour la réalisation de panneaux muraux.
Pour ce qui est du mobilier en bois par exemple, seule votre imagination est votre limite. En effet, le Shou Sugi Ban vous permet d’expérimenter de nombreuses possibilités toutes aussi esthétiques les unes que les autres. Il existe par exemple de belles tables, des armoires, des chaises, des bibliothèques, des tabourets ou des bancs à l’allure chic et rustique qui sont conçus à partir de planches brûlées.
Vous avez aussi d’autres objets du quotidien réalisés à partir du Shou Sugi Ban tels que des porte-clés, des planches à découper, des couverts, etc. Par ailleurs, le bois calciné peut facilement être associé à du métal ou du béton. N’hésitez pas également à combiner les textures et les couleurs afin d’éviter le total look noir qui peut assombrir vos pièces.
En revêtement mural, le Shou Sugi Ban est aussi très apprécié. Si vous optez pour cet usage, la meilleure chose à faire est de mettre le matériau brûlé seulement sur une partie de votre mur. Ensuite, pour le parquet ainsi que les autres parois, utilisez un bois non calciné. Procéder ainsi vous permet d’obtenir une décoration murale originale dotée de beaux contrastes.
Vous avez également la possibilité d’utiliser le Shou Sugi Ban pour l’aménagement de votre salle de bains. Le bois brûlé fera alors office de carrelage dont vous vous servirez pour parer les murs. Dans ce cas, privilégiez toujours un matériau acétylé puisque celui-ci sera plus résistant à l’humidité. En intérieur comme en extérieur, le Shou Sugi Ban peut aussi être intéressant pour la réalisation de portes de placards ou de portes de séparation de pièces.
Quel rapport entre la technique japonaise du Shou Sugi Ban et le wabi-sabi ?
De façon historique, la technique du Shou Sugi Ban est liée à la philosophie ancestrale japonaise de wabi-sabi qui prône la valorisation des imperfections dues aux effets du temps. En effet, lorsque le bois brûlé est utilisé dans le cadre de travaux de bardage, il change d’aspect après avoir été longuement exposé aux aléas climatiques. Cette évolution, qui est tout à fait normale, prend généralement du temps et dépend de facteurs tels que l’emplacement de la façade et la technique de brûlage.
En l’absence de traitement par exemple, des reflets blancs ou bleus peuvent apparaître. Il peut aussi y avoir un délavage ou une patine de la couche carbonisée. Toutes ces modifications sont généralement positivement accueillies par les personnes qui expérimentent le shou-sugi-ban. Il convient aussi de souligner que ce vieillissement naturel n’altère en rien la beauté du bois calciné. D’après ceux qui ont déjà eu à expérimenter le Shou Sugi Ban, il contribuerait même plus à l’attractivité visuelle des murs extérieurs.
Être en adéquation avec la philosophie wabi-sabi, c’est donc accepter que la surface du bois brûlé ne soit pas parfaite. C’est aussi reconnaître qu’on n’a aucun contrôle sur l’aspect que peut avoir la façade au bout de quelques années. Ainsi, de façon générale, le design met tout en œuvre pour contrer les conséquences du vieillissement, contrairement au wabi-sabi et au Shou Sugi Ban qui les acceptent et les intègrent à leurs réalisations.
Si vous aimez l’originalité et le noir, n’hésitez donc pas à essayer le Shou Sugi Ban, une technique créative parfaite pour la décoration intérieure ou extérieure de votre maison.
Dans la vidéo en annexe, découvrez de manière concrète comment valoriser de simples planches de coffrage avec cette technique originale.